MÉTROPOLE EUROPÉENNE DE LILLE
MÉTROPOLE EUROPÉENNE DE LILLE
TÉMOIGNAGE CLIENT
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Mise au service de l’aide à la décision des élus et des techniciens, le BIM est désormais utilisé pour tous les types de projets urbains, y compris les plus modestes, afin d’en maîtriser le cycle de vie.
Scan de l’espace existant pour intégration du projet de la Cité Administrative.
Avec l'aimable autorisation de la Métropole Européenne de Lille.
C’est un chantier hors norme pour un espace contraint de 38 400 m2. Le long d’un boulevard, au sud de la ville de Lille, les cinq bâtiments indépendants, modulables et reliés par une rue centrale, composant la Cité administrative de la capitale nordiste sont à présent sortis de terre.
Avec une livraison prévue en décembre 2023, ce nouvel équipement s’apprête à accueillir quelque deux mille agents de la fonction publique. Certains viendront ici en voiture, d’autres à vélos et trottinettes électriques, d’autres encore en métro via la station Porte des Postes toute proche et bientôt en tramway dont la mise en service est attendue à horizon 2030. Au carrefour des mobilités, ce chantier immobilier d’État -mené par Bouygues Bâtiment Nord-Est et dessiné par les cabinets Coldefy et Valode & Pistre, également auteurs du Stade Pierre-Mauroy- a aussi été pensé en collaboration avec la Métropole Européenne de Lille (MEL) dans un souci de cohérence paysagère, d’aménagement des mobilités et de la voirie dont la collectivité locale a responsabilité. Un défi à la mesure de la quatrième aire urbaine de France.
Les travaux de voirie accompagnent ceux des bâtiments.
Avec l'aimable autorisation de la Métropole Européenne de Lille.
« Cette coordination entre acteurs publics et privés à l’échelle d’un quartier pour dialoguer autour de son devenir est relativement inédite dans sa forme puisque notre service a été créé en 2019 », explique Rémi Montorio, chef d’équipe expertise BIM au sein de la Métropole Européenne de Lille. « Lors de nos réunions, nous évoquions certes le chantier de la Cité administrative elle-même, mais nous nous placions surtout dans une logique prospective d’évolution du bâti et du quartier », poursuit-il.
Bien que la MEL ne soit contractuellement en rien engagée dans le chantier de construction de la Cité administrative, la mise en commun des données urbaines et de données de chantier entre la collectivité, l’État , et son sous-traitant, procède d’une volonté des deux donneurs d’ordre publics d’échanger librement pour le bénéfice global de l’opération urbaine. Au gré de son avancée, le projet a permis à la collectivité d’interroger ses pratiques autour de la pertinence de la collecte de la donnée d’une part, et la pertinence de sa mise à disposition au bénéfice d’un tiers, d’autre part.
Pour parfaire cette analyse, d’autres opérations du même type que celle engagée avec l’État pour la Cité administrative ont donc été menées, notamment, en partenariat avec des bailleurs sociaux pour une meilleure intégration de leur bâti. « La Métropole ne cherche pas de simples promoteurs. Il ne s’agit plus seulement pour ces professionnels de construire mais de se placer en partenaire pour partager une vision commune de développement. Pour cela, ils doivent pouvoir visualiser comment ils se connectent à l’espace public, alors que la MEL se doit d’anticiper le service qu’elle va mettre en œuvre pour la population à venir », défend Rémi Montorio.
Quatre ans après la création de son équipe technique dédiée au BIM, la métropole lilloise estime désormais qu’elle sait anticiper les besoins de l’exploitant d’un futur équipement public ou privé en lui fournissant des données pertinentes et structurées utiles à la mise en œuvre, notamment, d’une maintenance prédictive du patrimoine dont ils ont la charge.
Scan de la voirie donnant accès au site de la future Cité Administrative
Avec l'aimable autorisation de la Métropole Européenne de Lille.
Sur le papier, cette coopération tantôt publique/publique, tantôt publique/privée, paraît évidente. Dans les faits, elle n’est pas automatique. à Lille, la métropole la met en place dès que possible. Elle a aujourd’hui structuré sa donnée de sorte que ses élus puissent disposer d’un outil de pilotage d’indicateurs politiques du territoire tels que l’imperméabilisation des sols, la végétalisation de l’espace urbain, la protection de la ressource en eau, les îlots de chaleur, l’impact carbone d’un projet... Grâce à une mise en forme simple et compréhensible de tous, le pouvoir politique dispose dès lors de données objectives lui permettant de prendre ses décisions.
Pour générer ces outils, le service expertise BIM de la métropole s’appuie sur les données compilées dans Revit, pour la partie construction et génie civil ; tandis que certains bureaux d’études externes utilisent Civil 3D pour la conception d’infrastructure, et que l’équipe de coordination base son expertise sur la capacité de synthèse proposée par Navisworks... le tout étant complété par le scan des infrastructures existantes, notamment via des drones, pour que cartographie et topographie soient précises. En outre, dans une volonté de se montrer exhaustif sans générer d’infobésité, les services BIM de la MEL utilisent de plus en plus les capacités de connexion de la gamme Autodesk avec le Système d’Information Géographique (SIG). « L’interopérabilité entre nos solutions et celles d’éditeurs géographiques permet aux acteurs d’un projet de visualiser leur projet BIM sur la carte en 3D. La plus-value est immense », pousse Jérémy Fraissinet, responsable du secteur public français pour Autodesk.
La place Sémard et la gare : scan de l’existant.
Avec l'aimable autorisation de la Métropole Européenne de Lille.
Au-delà de la compréhension propre par les élus des transformations induites par un projet, une telle utilisation des capacités proposées par le BIM permet, par effet rebond, à ces mêmes élus de mieux expliquer à la population en quoi une opération de requalification urbaine sera pertinente dans leur quotidien.
A Tourcoing, sur la place Pierre-Sémard qui est en fait le parvis de la gare, la présentation en BIM du projet a permis une forte appropriation de cet aménagement par les parties prenantes et riverains. Plus de 2 000 voyageurs passent ici chaque jour, et la requalification –notamment par la végétalisation- de la place était d’autant plus attendue que, de l’aveu même de la municipalité, « la gare a trop longtemps été laissée à l’abandon. » Pour mener à bien ce chantier, « la Ville souhaitait organiser des points d’étape réguliers avec les habitants des quartiers du centre-ville et (du quartier) Epidème, qui (permettent) par une concertation continue, le partage des enjeux, des projets envisagés et le suivi de leurs mises en œuvre. »
La place Sémard et la gare : travaux en cours.
Avec l'aimable autorisation de la Métropole Européenne de Lille.
Et c’est précisément là que le service BIM de la Métropole Européenne de Lille est entré en jeu. « Il n’est un secret pour personne qu’un projet BIM peut être facilement compris par un non-technicien. Cet outil permet notamment d’accompagner les élus dans leur travail de pédagogie envers la population qui adhère également davantage », témoigne Rémi Montorio. « Le sens de la démarche fait ainsi réellement la démonstration de la qualité du projet tant sur le plan de la technique, esthétique, que d’impact global sur le quartier », complète-t-il. Moins contesté car mieux compris, permettant l’ouverture d’espaces de dialogue, le projet peut ainsi suivre son cours dans un calendrier contraint.
La place Sémard et la gare : modèle du projet final.
Avec l'aimable autorisation de la Métropole Européenne de Lille.
La démocratisation qui sous-tend l’ensemble de ces évolutions et permet in fine au territoire de mieux anticiper son avenir, s’applique, à l’instar de la requalification du parvis de la gare de Tourcoing, également aux propres services techniques de la MEL. Quand bien même aucune règlementation n’impose le BIM en France –alors que c’est bien le cas chez nos voisins allemands et anglais, notamment–, l’ensemble des ouvrages structurants sont, à l’instar du Schéma directeur des infrastructures de transport (Sdit), aujourd’hui pensés avec cet outil essentiel de la transformation numérique.
« Il n’existe pas de texte sur le sujet dans notre pays. Chaque collectivité dispose du choix d’avancer à son rythme... mais à mon sens, il faudrait, dans une perspective de meilleure compréhension, tant par les techniciens que les non-techniciens, des enjeux urbains, au moins une vision d’un seuil où le BIM devrait être obligatoire », pose-t-il.
Aussi, pour être certaine d’être prête au moment où se présente la conception de ce type de projets, la métropole nordiste se positionne en force motrice en généralisant l’usage du BIM aux « projets urbains du quotidien ».
« Nous créons ainsi un bagage d’expériences pour nos équipes techniques qui montent en compétences lors de chaque chantier », soutient Rémi Montorio. Une impulsion qui inscrit de fait la Métropole Européenne de Lille dans une logique d’accompagnement des entreprises locales afin qu’elles aussi puissent grandir avec la collectivité et se positionner au plus juste des attentes publiques lors des centaines de consultations qu’elle émet chaque année.