Comment Revo Foods utilise l’impression 3D alimentaire pour un avenir durable

Découvrez comment Revo Foods utilise l'impression 3D alimentaire pour créer des produits de la mer peu transformés à base de plantes, favorisant le développement durable et luttant contre la surpêche.


Crédit : Revo Foods.

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Shawn Radcliffe

31 octobre 2024

min de lecture
  • Essentiels au maintien de la vie sur Terre, les océans sont menacés par la surpêche et d'autres atteintes à l'environnement.

  • Revo Foods a créé des alternatives végétales aux produits de la mer offrant la valeur nutritionnelle du poisson sans en subir les conséquences sur l'environnement.

  • L'utilisation de technologies de pointe, telles que l'impression 3D et le prototypage rapide, permet à l'entreprise d'atteindre son objectif : créer une gamme plus large de produits dont l'empreinte en eau et en carbone est plus faible.

Une biodiversité marine saine est inextricablement liée à l'épanouissement de l'homme. Les océans sont d'importants puits de carbone et de chaleur pour la biosphère terrestre et fournissent des millions d'emplois dans le monde, ainsi que la sécurité alimentaire. Selon lesobjectifs de développement durable des Nations unies, plus de 50 % de la population des pays les moins avancés du monde dépendent des aliments d'origine océanique comme principale source de protéines.

Cependant, depuis les années 1970, la surexploitation a triplé, et plus d'un tiers des stocks évalués dans le monde sont aujourd'hui exploités au-delà de la durabilité biologique, selon unrapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculturedatant de 2022 (p. xix).

Des alternatives saines aux produits de la mer

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Le Kraken de Revo Foods ressemble à l'odeur, au goût et à la texture des tentacules de pieuvre, mais il est fabriqué à partir de mycoprotéines imprimées en 3D. Crédit : Revo Foods.

La start-up autrichienneRevo Foods a créé son imprimante alimentaire 3D grand volume afin de proposer à un plus grand nombre de consommateurs des produits de la mer durables à base de plantes. Cette initiative a même un objectif plus large : contribuer à sauver les océans de la surpêche et d'autres atteintes à l'environnement.

« Nous devons proposer de meilleures alternatives aux personnes qui apprécient le goût du poisson, mais qui n'aiment pas que les océans soient détruits. Il s'agit de produits offrant la valeur nutritionnelle du poisson, sans les conséquences négatives », explique Robin Simsa, PDG de Revo Foods.

En septembre 2023, l'entreprise a lancé The Filet, un produit à base de mycoprotéines inspiré du saumon, suivi cette année par The Kraken, dont l'odeur, le goût et la texture ressemblent à des tentacules de poulpe. Ces deux produits sont disponibles dans toute l'Europe. Revo Foods prévoit d'intensifier ses activités au cours des deux prochaines années afin de produire en masse des produits alimentaires imprimés en 3D.

« Les individus ont toujours considéré la fabrication additive comme un type de prototypage, mais elle n'est pas rééllement destinée à un usage industriel », explique M. Simsa. « La nôtre est conçue comme un système de production. Nous avons été la première entreprise au monde à proposer aux supermarchés un produit fabriqué à l'aide de ce type de système de production 3D. Il y a donc eu des avancées dans cette technologie ».

La technologie au service de la durabilité

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Robin Simsa, PDG de Revo Foods. Crédit : Revo Foods.

Bien qu'il s'agisse techniquement d'une entreprise alimentaire, Revo Foods est motivé par un but plus large de protection de la biodiversité des océans. Les produits de l'entreprise sont également exempts de toxines, telles que lesmicroplastiques, qui peuvent se retrouver dans certains produits de la pêche océanique.

Face à la surpêche, « nous risquons de perdre une grande partie de la biodiversité des océans », explique M. Simsa. « Nous dépendons d’eux pour notre propre survie, et ce serait une perte énorme pour les générations futures. »

Pour renforcer le profil de durabilité de ses produits, Revo Foods utilise de la mycoprotéine, un type de protéine dérivé de champignons qui, selon l'entreprise, produit 77 à 86 % d'émissions de CO2 en moins et utilise 95 % d'eau douce en moins pour la production que le saumon conventionnel. L'empreinte carbone de la mycoprotéine est de 1,5 kg de CO2/kg, contre 15 kg de CO2/kg pour le saumon et 31 kg de CO2/kg pour le bœuf. La mycoprotéine a aussi uneempreinte hydrique plus faible, environ 500 L par kilogramme,que les protéines animales.

De plus, « la mycoprotéine ne nécessite pas d'étapes de traitement supplémentaires par rapport aux protéines de soja ou de pois », précise M. Simsa. Il explique que le traitement implique des températures plus basses, qui préservent les vitamines et les acides gras oméga-3. « Il y a donc un avantage nutritionnel à l'utiliser dans notre processus. »

Fabrication additive à haut volume

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La Food Fabricator X2, une imprimante alimentaire 3D dotée d'un système de buses multiples et d'une extrusion de haute précision, permet une production alimentaire continue et la variabilité des produits. Crédit : Revo Foods.

Pour mener à bien sa mission, Revo Foods a mis au point la Food Fabricator X1, une imprimante alimentaire 3D que l'entreprise a utilisée pour commercialiser ses premiers produits dans les supermarchés. La Food Fabricator X2, qui, selon Simsa, est « beaucoup plus rapide et beaucoup plus performante », devrait être prête prochainement.

Ce modèle est doté d'un nouveau système à buses multiples permettant de produire des aliments en continu, ce qui constitue un avantage indéniable pour les gros volumes. « Si nous combinons la fabrication additive avec cette approche multi-buses pour obtenir une plus grande production, nous atteignons rapidement des volumes très respectables pour un système de production complet », explique M. Simsa.

L'imprimante alimentaire 3D comprend également un système d'extrusion de haute précision combinant des ingrédients dans n'importe quelle structure prédéfinie. Ceci permet d'obtenir des produits aux formes, structures et textures personnalisées sans qu'il soit nécessaire de procéder à des ajustements matériels majeurs au cours de l'impression.

« C'est la première fois que l'on peut créer une telle variabilité dans l'apparence, la composition ou la texture d'un produit en modifiant seulement le logiciel », avance M. Simsa. Cela offre aussi « une plus grande liberté aux concepteurs et aux développeurs de produits, ainsi qu'aux équipes de marketing, pour proposer une offre similaire ou totalement nouvelle ».

Actuellement, cette polyvalence ne s'applique qu'aux aliments utilisant les mêmes ingrédients. M. Simsa estime qu'elle ouvre la voie à la production de grandes quantités de produits présentant de subtiles variations, contrairement aux méthodes actuelles de production de masse produisant uniquement des produits identiques.

« Nous estimons que l'impact le plus important peut être atteint s'il s'agit d'un système de production à grande échelle », précise M. Simsa, « où l'on peut atteindre le plus grand nombre de personnes possible, c'est-à-dire les détaillants et les grands distributeurs ».

Le prototypage rapide pour les start-ups

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Revo Foods utilise le prototypage rapide et la fabrication additive pour concevoir, développer et tester les composants de ses nouvelles imprimantes alimentaires 3D et de sa chaîne de production. Crédit : Revo Foods.

En développant le Food Fabricator X2, Revo Foods a créé un système entièrement nouveau, et non un « équipement standard » ou un système basé sur les plans de quelqu'un d'autre, explique M. Simsa. « Nous avons fait appel à des concepteurs industriels, des ingénieurs en mécanique et des ingénieurs en électricité pour concevoir et tester les nouvelles machines. »

Pour faciliter ce processus, les équipes de l'entreprise ont utilisé le logiciel AutodeskFusion « comme logiciel de conception pour de nombreux composants matériels du Food Fabricator X2 », précise-t-il. « Nous devions concevoir et créer des fichiers de découpe pour un grand nombre de nouveaux composants matériels, puis les tester. Fusion s'est avéré très utile pour mener à bien cette étape. »

Ce type deprototypage rapide, rendu possible par les avancées logicielles et lafabrication additive, est particulièrement utile pour les jeunes entreprises qui ne disposent pas des ressources d'une grande société. « Une entreprise comme la nôtre n'aurait pas pu exister il y a 20 ans », confie M. Simsa.

Fusion a également accéléré les processus de travail. « Auparavant, il fallait envoyer un modèle à une entreprise spécialisée, et le composant revenait deux semaines plus tard, mais le modèle ne convenait peut-être pas, et il fallait alors tout recommencer », relate M. Simsa. « Aujourd'hui, nous pouvons itérer presque tous les jours. Les gens ont une idée le matin, la conçoivent, l'impriment en 3D et la testent le jour même. »

Pour compléter le point de vue de M. Simsa sur les start-ups modernes, le crowdinvesting n'existait pas non plus il y a 20 ans. Toutefois, aujourd'hui, les start-ups peuvent obtenir un financement vital grâce à des campagnes sur des sites d'investissement participatif. Revo Foods utilise, la plateforme d'investissement dans les technologies vertesFunder Nation, basée en Allemagne, pour lever des fonds. Grâce au soutien du crowdfunding, Revo Foods prévoit d'augmenter sa capacité de production en 2024 et 2025, afin d'avoir un impact encore plus important sur l'approvisionnement alimentaire durable.

Shawn Radcliffe

À propos de Shawn Radcliffe

Shawn Radcliffe est journaliste indépendant et professeur de yoga basé en Ontario, au Canada. Il est spécialisé dans la rédaction d'articles sur la santé, la médecine, la science, l'architecture, l'ingénierie et la construction, ainsi que sur le yoga et la méditation. Contactez-le sur ShawnRadcliffe.com.

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