Le BIM, premier pas de la transformation numérique de Saint-Brieuc Armor Agglomération vers la smart city avec SUEZ Consulting
Outil de communication pour le grand public, la maquette numérique de cet ensemble industriel est aussi, c’est là sa force, un outil de médiation entre les différents acteurs de la chaîne décisionnelle allant du maître d’ouvrage jusqu’aux entreprises qui interviennent sur ce chantier. Bien ancré dans les usages pour la conception-construction de grands ensembles tertiaires ou industriels privés, le BIM est encore peu utilisé pour la conception-construction des ensembles publics au service des biens communs, tels que des usines d’eau potable ou des routes.
Pour accompagner cette transformation numérique et évolution vers la smart city de l’agglomération bretonne, SUEZ Consulting, un leader dans le conseil et l’ingénierie environnementale, a déployé un savoir-faire précisément dédié aux collectivités et aux industriels pour leurs projets de construction.
Une approche de co-conception et d’agilité avec Saint-Brieuc Armor Agglomération
Pour Saint-Brieuc Armor Agglomération, il s’agit du premier projet BIM commandé par la collectivité. « Le monde industriel a largement adopté cette technologie qui représente l’avenir », estime Claude Ribieras, Directeur Général Adjoint des services de l’agglomération et promoteur de l’adoption des nouvelles technologies au sein de ses services. « Avec le recul, il est très clair, que le BIM constitue un puissant outil d’aide à la décision tant pour les élus, qui doivent débattre du bien-fondé du projet, que pour les riverains directement concernés. Parce que tout le monde ne sait pas lire un plan 2D, les solutions de réalité immersive avec lesquelles le projet est présenté font mouche. Tout le monde comprend mieux ce qu’il achète », complète-t-il.
En ce qui concerne les équipes techniques, l’adoption de ces outils permet de faire monter tout l’écosystème en compétence, tout en garantissant que « chacun reste dans son rôle et gagne en compréhension mutuelle ». En outre, l’un des enjeux de la collectivité concerne le stockage des plans de la maquette numérique. « Toute l’équipe de maîtrise d’ouvrage, c’est-à-dire une demi-douzaine de personnes dont je fais partie, ont été formées pour avoir accès à ces plans. Une fois que l’usine sera opérationnelle, quatre autres techniciens le seront dans une perspective de maintenance prédictive de l’usine qui sera gérée sous le régime d’une régie publique », poursuit le Directeur Général Adjoint de Saint-Brieuc Armor Agglomération.
Imposer une conception-construction en BIM n’est cependant pas toujours facile, car, comme toute organisation, les collectivités locales ont leurs habitudes. « Ces technologies ont un coût. Et les élus ont raison d’être vigilants sur les dépenses », reconnaît Claude Ribieras. Ainsi, à Saint-Brieuc, l’adoption des technologies BIM a, pour la conception de cette usine d’eau potable, représenté un surcoût de l’ordre de +10 % sur la conception.
« Toutefois à terme, nous envisageons un retour sur investissement qui compensera largement ce dépassement », tempère Claude Ribieras. En matière de changement des pratiques et de gestion, « bien sûr, l’adoption de nouveaux usages nécessite une phase d’adaptation et d’apprentissage, mais nous sommes confiants dans notre capacité à maîtriser ces nouveaux outils assez rapidement », positive ce cadre territorial. “D’ailleurs, nous avons depuis 2017 un agent opérationnel sur Autodesk Revit. On lui a récemment demandé de plancher sur l’agrandissement de locaux et d’établir plusieurs options. Cela lui a pris huit heures. Sans l’outil, il lui aurait fallu une semaine ».
Pour le bénéfice des collectivités, SUEZ Consulting digitalise ses process de conception
Afin d’infuser ces nouveaux processus collaboratifs et d’accélérer l’apprentissage des nouvelles technologies de conception, SUEZ Consulting a opéré une transformation organisationnelle, et créé, en 2019, une cellule BIM. « Avant de mettre en place ce pôle, nous avons opéré un audit de nos pratiques. Il en est ressorti que notre expérience BIM était diffuse et ne reposait pas sur une base de savoir commune et partagée. Tout l’enjeu a été de répliquer les bonnes pratiques sur nos autres métiers afin de normaliser nos process, et de faciliter le passage à l’échelle. C’était d’autant plus nécessaire que nos clients, pour la plupart des collectivités aux projets complexes, sont demandeurs de maquettes numériques », explique Guillaume Desmedt, directeur du Pôle BIM chez SUEZ Consulting.
Dès lors, dans la vision stratégique de la société, qui est composée de quelque 1 200 ingénieurs répartis sur tout le territoire et dans une trentaine de pays, les notions de conception et réalisation en BIM sont aujourd’hui hissées au même rang d’importance que celle d’accompagnement technique du maître d’ouvrage.
« La maquette numérique permet au client de visualiser son projet dans un contexte, à savoir un environnement proche ou élargi. Il s’agit par ailleurs de l’assister dans sa communication auprès de ses partenaires et des riverains. Comme à Saint-Brieuc, lors de la présentation du projet au moyen de la réalité virtuelle », détaille Guillaume Desmedt. « Cette démarche ne s’inscrit désormais plus dans une logique de conception menée uniquement par le maître d’œuvre, mais de co-conception avec le maître d’ouvrage. Elle permet une meilleure interface avec l’ensemble des parties prenantes, y compris les entreprises de travaux », complète-t-il.
Une montée en compétences pour mettre en place des projets 3.0
Pour favoriser l’adoption de cette nouvelle approche, tout en capitalisant sur ses expériences passées, le Pôle BIM de SUEZ Consulting est intégré au sein de la Direction des grands projets, une division transversale dirigée par Alice de Kergariou. « Nous ne sommes pas là pour imaginer des méthodes et les imposer à tout le monde. Au contraire, nous nous imprégnons des expériences menées sur le terrain afin de capitaliser sur les bonnes pratiques en matière de management de projet », explique cette dernière.
Cette gestion du changement s’appuie en effet d’abord sur les forces de travail sur le terrain, où « nos équipes créent et innovent dans leur domaine d’expertise avec un niveau important d’autonomie sur la gestion de leur projet », selon Alice de Kergariou. « Nous encourageons l’utilisation BIM, qui est le processus le mieux adapté pour ce type de projet, en nous basant sur les retours d’expérience en France, mais également sur ceux d’autres pays où nous sommes présents. En Pologne, nos équipes voient également le BIM émerger dans les demandes de leurs clients. »
« Avec la modélisation des données et le passage à l’ère de la maquette numérique, le travail devient collaboratif entre les différents corps de métiers et nécessite une excellente coordination pour suivre ces projets 3.0. C’est le chemin sur lequel nous sommes engagés avec le souci de la bonne formation de chacun, du maître d’ouvrage aux entreprises de travaux », souligne-t-on chez SUEZ Consulting.
Saint-Brieuc Armor Agglomération est lancé sur la smart city
Cette approche innovante reste encore marginale dans le domaine des infrastructures, en France, qui demeure relativement conservatrice dans tout ce qui relève de la transformation numérique. Ainsi, les PME françaises pointent à la 15ème place, sur 28 pays en Europe, du dernier classement Digital Economy and Society Index 2020 (Desi), établi par la Commission européenne. Une situation qui ne reflète pas l’adoption rapide de nouveaux process. Une partie de ce retard sera sans doute comblé par la nécessité de s’équiper en outils digitaux qu’a imposé la crise sanitaire, notamment dans les administrations publiques.
Saint-Brieuc Armor Agglomération, accompagnée par SUEZ Consulting, est donc pionnière en matière d’adoption du BIM pour les infrastructures hydrauliques. « Cela constitue nos premiers pas vers la smart city » commente Claude Ribieras. Cette montée en compétences incite d’ailleurs la collectivité à lancer de nouveaux projets, et à partager son retour d’expérience avec d’autres collectivités désireuses de s’engager sur le chemin de plus de digitalisation : « L’équipement numérique, par la révision des process qu’elle induit, nous pousse aujourd’hui à une meilleure anticipation de la maintenance de nos ouvrages, et dès lors rend possible une réflexion plus en amont notamment sur l’ergonomie et la santé au travail. »