Et en raison de la lente mise en œuvre du numérique sur les chantiers, ces problèmes sont récurrents. Le ministère fédéral de l’Éducation et de la Recherche allemand (BMBF) a de ce fait financé un projet de recherche appelé Internet of Construction ; Sigrid Brell-Cokcan souhaite l’utiliser pour déterminer quelles informations existent déjà sous forme numérique, quelles plateformes sont utilisées et comment améliorer la collaboration.
Mais son opinion sur les mégadonnées est plus mitigée. « Nous devrions plutôt nous concentrer sur les données de qualité et ne recueillir que ce qui est important. Cela représenterait un gain de temps important et améliorerait les capacités des plateformes, le tout en optimisant les processus. »
En plus de cela, le centre Construction Robotics est partenaire du programme Technolgy Impact d’Autodesk. « Impact » se rapporte à divers traits, dont la durabilité : un consortium de la RWTH, présidé par la faculté d’ingénierie mécanique, souhaite réduire la consommation carbone du BTP, à partir de recherches du Fuel Science Center (FSC).
Le centre conduit également des recherches pour déterminer comment le secteur pourrait regrouper et recycler les polluants, comment utiliser et déposer ces matériaux au cours de leur cycle de vie et enfin, comment l’économie circulaire pourrait rendre le BTP plus respectueux de l’environnement.
Sigrid Brell-Cokcan entretient l’espoir que le chantier rapprochera divers départements de l’université. À cette fin, un nouveau programme de master en anglais en construction et en robotique (CR) commencera cette année et réunira des étudiants de licence en ingénierie mécanique, en sciences informatiques, en génie civil et en architecture. Le chantier-laboratoire sera un champ d’expérimentation pour les étudiants dans leur quête de définition de leur future profession dans le secteur du bâtiment numérique.
En effet, de nouvelles professions émergent, et les professions traditionnelles sont en évolution : le BTP se tourne vers le numérique pour assurer sa survie. « Selon nous, tout le secteur du bâtiment sera soumis à des changements considérables dans les dix à vingt prochaines années », précise la directrice du centre Construction Robotics. Les outils se démocratisent, de sorte que tout le monde sera en mesure de construire. Son but est de fabriquer des outils « aussi faciles d’utilisation que possible et accessible à tous, comme un smartphone », afin de garantir que le numérique décuple la créativité des architectes.
Enfin et surtout, Sigrid Brell-Cokcan souhaite intégrer le potentiel créatif du secteur du bâtiment dans la recherche et espère que les architectes seront les artisans du changement. « Il est très important que nous, architectes, soyons au cœur des projets de conception des processus d’automatisation dans le bâtiment. La technologie est un outil, voyons comment notre esprit créatif saura l’exploiter. »