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5 leçons pour permettre au BTP de prospérer à l’heure de la reprise économique

Reprise économique après la crise sanitaire

On a beau dire que la crise sanitaire actuelle est sans précédent, ce n’est pas la première fois dans l’histoire récente que l’industrie affronte un tel revers. Forte de son expérience dans le secteur de la construction, Allison Scott, directrice de Construction Thought Leadership chez Autodesk, partage sa perspective pour une reprise des activités sur les chapeaux de roues.  

Pendant la grande récession, le secteur du BTP fut confronté à des décisions qui ne sont pas sans rappeler celles qui nous occupent à l’heure de la reprise. Ces décisions permettront certainement d’établir la distinction entre les entreprises qui auront tout juste survécu à la crise et celles qui ont toutes les chances de poursuivre leur croissance — ce qui permettra aux dirigeants d’autres secteurs d’en tirer des leçons. Voici cinq leçons tirées d’expériences de reprise dans le bâtiment, d’hier et d’aujourd’hui.

La reprise économique du BTP par Allison Scott (Autodesk)
L’autrice, Allison Scott, est directrice de Construction Thought Leadership chez Autodesk. Illustration par Micke Tong.

1. Les leçons du passé

Pour le secteur du BTP, la grande récession de 2006 s’est achevée en 2011 non sans changement et sans dégâts y compris pour certaines entreprises qui en sont sorties exsangues.

Certaines ont tenu bon, résisté au changement, et s’en sont sorties tant bien que mal. A l’inverse, d’autres en ont profité pour s’impliquer de plus belle auprès de leur personnel et renforcer leur cœur de métier en investissant notamment dans de nouvelles technologies et dans des processus innovants, ainsi qu’en consacrant de nouvelles ressources à la formation et au développement de compétences de leurs équipes.

Puis en 2010, l’introduction de l’iPad d’Apple a déclenché une explosion de technologies pour l’exploration dans le bâtiment, avec de nouvelles applications qui font le lien entre les chantiers et le bureau. L’autre facette de la grande récession, c’est que ces entreprises tout juste rodées à l’innovation ont vu ces nouvelles technologies qu’elles venaient d’intégrer utilisées et adoptées en masse. Et ils prospérèrent.

Prenons l’exemple du BIM (Building Information Modeling), ou maquette numérique, qui en était à ses balbutiements lorsque la crise a frappé. Le rapport Smart Market 2012 de Dodge Data and Analytics a montré que la mise en œuvre du BIM dans les secteurs de l’architecture, de l’ingénierie et du BTP est passée de 28 % en 2007 à 70 % en 2012. À ce moment-là, le Directeur des perspectives industrielles de Dodge Data and Analytics, Stephen Jones, a déclaré : « Bien qu’augmenter les dépenses pendant une récession semble contrintuitif, la recherche a montré que le secteur continue à investir dans un avenir plus productif et plus efficace en adoptant les technologies et processus BIM. »

Au moment même de la reprise, les premières entreprises à se démarquer étaient celles qui avaient mis en œuvre le BIM et des outils collaboratifs. Ces entreprises se sont tournées vers des méthodes plus innovantes et intelligentes afin de mieux gérer le risque et obtenir des résultats prévisibles sur le moyen terme. Selon la Harvard Business Review, une étude récente menée sur 3 500 entreprises a montré que celles qui avaient pris des mesures globales pour se prémunir contre la récession, dont l’adoption d’outils numériques, ont vu leur revenu croître par quatre après la grande récession.

Les entreprises qui n’ont pas profité du moment pour se transformer en 2008 en paient le prix aujourd’hui. Beaucoup d’entre elles ne survivront pas à cette dernière crise.

2. Penser vertical

Les entreprises qui ont choisi la voie de l’expansion et de la prospérité plutôt que la simple survie se servent de tremplins pour croître. Bientôt, le secteur du BTP, ainsi que les autres secteurs, verra des entreprises absorber d’autres entreprises. Il y aura une hausse des fusions et des acquisitions. C’est ce qui est arrivé en 2011 avec la grande récession. C’est aussi ce qui se passera au terme de la présente crise sanitaire. Pourquoi ? L’intégration verticale mène à un plus grand contrôle et à de meilleures marges.

Certains contractants généraux et sociétés de gestion de chantiers fusionneront ou ajouteront des filiales d’activité, comme l’architecture, l’ingénierie, la fabrication ou même le développement commercial. Cet élan vers des modèles verticaux a du sens : vous contrôlez toute la chaîne de production, les processus de planification des projets et les résultats sont plus rentables. En outre, les marges augmentent à mesure que les organisations gagnent en verticalité.

La reprise des activités illustrée
Illustration par Micke Tong.

Au lieu de fusions-acquisitions classiques, certaines entreprises opteront pour des partenariats avec des acteurs de marché plus récents ou moins bien établis. De récents exemples l’année dernière, tel que le partenariat de JLL avec Google visant à créer un assistant basé sur une intelligence artificielle, le partenariat de Fluor et IBM Watson, et Skanska avec l’expansion d’IKEA concernant l’élaboration de maisons modulaires au Royaume-Uni, sont la preuve que les entreprises peuvent étendre leur activité en transformant leur offre de services.

3. Laisser faire l’inspiration

La crise sanitaire a accéléré l’adoption de technologies qui permettent de repenser notre façon de l’utiliser et d’exploiter les données. Par exemple, le taux de création de projets dans BIM 360 Design d’Autodesk a augmenté de 350 % dans le monde depuis le passage au télétravail mi-février 2020. Mais certains projets de construction ont été interrompus pour une longue période, et de nombreux outils dans tous les secteurs sont mis à profit de manière inattendue.

« Les professionnels de la construction savent naturellement résoudre les problèmes ; ainsi les leaders devront donner libre cours à cette puissance imaginative et créatrice afin d’aller de l’avant sans peur de l’échec. »

Par exemple, des inspections avec des caméras à 360 degrés et des parcours filmés préservent le respect de la planification des travaux. Les caméras de surveillance de chantier et les drones, et même le chien robot de Boston Dynamics, SPOT, permettent que chaque intervenant soit au courant des avancées, même s’il ne se trouve pas sur le site. Les intégrations entre vidéo Zoom et BIM 360 peuvent simplifier les comptes-rendus des chantiers et préserver la bonne organisation des équipes. Une association de présentations en direct, de vidéos préenregistrées et d’animations 4D permet de respecter les distances lors des cérémonies d’inauguration. Bien que chaque progrès dans l’industrie du BTP ne puisse conduire à un flux de travail numérique, cette pandémie nous a montré que beaucoup de pratiques dans ce secteur étaient mûres pour une ample vague de changement.

Ce type de raisonnement peut venir de n’importe quel secteur. Les professionnels de la construction savent naturellement résoudre les problèmes ; ainsi les leaders devront donner libre cours à cette puissance imaginative et créatrice afin d’aller de l’avant sans peur de l’échec. En laissant place à l’imagination et à la créativité, on peut réimaginer certaines méthodes ou réponses aux difficultés auxquelles on n’aurait jamais pensé avant.

4. Ancrer définitivement certains changements

Alors que les entreprises sont prêtes à accueillir à nouveau leur personnel, les employés s’interrogent sur la possibilité de poursuivre l’expérience du télétravail en continuant dans leur lancée. Je suis intimement persuadée que la réponse est oui.

Le télétravail continue pendant la reprise économique
Illustration par Micke Tong.

Les entreprises du BTP ont longtemps connu des difficultés en termes de productivité et de capacité à attirer et retenir les talents. Il y a pléthore de raisons à cela, mais un problème majeur des plus courants dans le milieu relève des conditions de travail. Face aux échéances, les équipes travaillent souvent de longues heures, dans des conditions particulièrement stressantes et contraignantes. Par le passé, le milieu est difficilement parvenu à attirer, retenir et renforcer la future génération de professionnels du BTP, en particulier les femmes et les personnes de couleur, en raison de parcours professionnels limités ou archaïques, de réserves face à l’innovation, et faute de souplesse.

Mais la crise sanitaire nous a prouvé que plus de souplesse n’était pas synonyme d’une baisse de la productivité. Cette souplesse rend les gens plus heureux, et révèle de nouvelles façons de travailler. La collaboration peut être maintenue ou améliorée en fonction de la manière dont les équipes s’approprient la technologie dans la résolution rapide de problèmes. La valeur ajoutée, ce sont les gens. Vous serez capable d’attirer et de retenir des talents plus variés, plus intéressants et plus solides, en rendant la technologie, l’innovation et la souplesse indissociables de votre culture d’entreprise.

5. Affronter les défis liés à la croissance

Le BTP a la réputation d’être un secteur réservé face au risque. Cela conduit trop souvent à une certaine réticence face au changement et notamment vis-à-vis des investissements technologiques et de l’innovation. Les projets peuvent durer un an ou plus et jouer sur des marges sur le fil du rasoir, ce qui contribue à un manque d’appétence pour tout ce qui est nouveau. En effet le but reste de terminer un projet aussi rapidement que possible avec le moins possible de pertes.

En tant que dirigeant, si vous ne poussez pas au changement et n’adoptez pas les modifications culturelles nécessaires, vous perdez une opportunité. Dans le milieu du BTP, les dirigeants parlent régulièrement de ces changements depuis très longtemps : l’adoption de la technologie, la mise en œuvre d’outils et l’échange de données.

En 2009, dans le rapport Constructing Excellence, Andrew Wolstenholme a lâché cette vérité universelle popularisée par Winston Churchill dans les années 40 : « Ne laissez jamais passer une bonne crise. » Dans ce rapport édité il y a plus de dix ans, l’un des points clés à retenir était que les grands changements de business model devaient servir des objectifs tels que l’amélioration de la sécurité, de la qualité et de la communication, et l’optimisation des coûts, du calendrier et de la productivité.

Ces concepts ne viennent pas de sortir, mais aujourd’hui ils prennent tout leur sens. Cette période fait la lumière sur l’importance de placer ses pions sur l’échiquier, pas seulement pour réussir au sortir de la pandémie, mais aussi pour pourvoir négocier le prochain tournant quel qu’il soit.

À propos de l'auteur

S’appuyant sur ses années d’expérience dans les domaines de la construction, de l’innovation et du marketing, Allison Scott met en place une nouvelle équipe chargée de créer une expérience client positive et percutante pour favoriser la défense des intérêts, la loyauté, et la confiance. Son équipe prépare et met en œuvre de nombreuses campagnes d’engagement client que ce soit par le biais de la grandissante communauté Autodesk en ligne , des groupes de professionnels, ou encore de notre programme consultatif du conseil exécutif. Elle étudie également les données clients afin de répondre aux besoins évolutifs du secteur du BTP.

Profile Photo of Allison Scott, Autodesk Director - FR